Regards féminins sur la mort de Jésus

Clara Vienna incarne huit personnages féminins dans ce spectacle. / © Alain Herzog
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Clara Vienna incarne huit personnages féminins dans ce spectacle.
© Alain Herzog

Regards féminins sur la mort de Jésus

Huit femmes
Créé en 2024 par la pasteure et comédienne Clara Vienna et Christian Vez, pasteur et metteur en scène, un spectacle raconte le point de vue de huit femmes de l’Evangile sur la mort de Jésus. La tournée 2025 démarre le 7 mars à Renens.

Comment construire des personnages à partir de quelques mots de la Bible? 

Clara Vienna C’est vrai que l’on a peu d’éléments dans le texte biblique, qui au sujet de la crucifixion cite quelques femmes et dit aussi simplement: «Beaucoup de femmes étaient là qui regardaient de loin.» Nous sommes partis de là, nous nous sommes dit: «Qui pourraient être les femmes présentes à ce moment-là?» Nous avons opéré une sélection à partir de figures féminines mentionnées précédemment dans les Evangiles. Nous en avions beaucoup, très diverses, vieilles, jeunes, de différentes origines… Ensuite, nous avons fait des improvisations, l’écriture s’est beaucoup réalisée sur le plateau, en faisant des liens… 

Christian Vez Certaines choses nous ont paru évidentes, comme le fait de relier la Samaritaine au moment où Jésus dit «j’ai soif», sur la croix. Ou bien la mère des fils de Zébédée, qui avait demandé à ce que ses fils soient à gauche et à droite de Jésus, réagissant aux deux crucifiés à côté de Jésus. 

Clara Vienna Pour leur donner des corps et des voix et créer des personnages distincts – comme je suis la seule comédienne –, nous avons travaillé les différences par les postures corporelles, la voix, la coiffure. 

Est-ce que ce spectacle offre une lecture féministe de la Bible? 

Clara Vienna Ce n’était pas notre intention au départ. Nous souhaitions simplement créer un spectacle incluant des femmes, car j’en suis une. Les femmes représentées ne sont pas toutes féministes dans leurs propos et sont très différentes: l’une dénonce les jeux de pouvoir des hommes alors que d’autres pas du tout. Par contre, le fait de montrer uniquement des femmes, de leur donner une voix, des émotions, des sentiments – tout comme Jésus, qui leur a donné beaucoup de place aussi – peut constituer une forme de female gaze sur la croix (récit construit selon des perspectives féminines, NDLR). 

Christian Vez L’histoire chrétienne insiste sur des figures comme Marie, mère de Jésus, ou Marie de Magdala, qui drainent tout un imaginaire. Nous nous permettons de casser cette construction, surtout pour Marie de Magdala, dont nous donnons une image inédite, celle d’une pharisienne davantage libérée sur le plan spirituel par Jésus que sur le plan affectif. 

Quel lien entre le pastorat et le théâtre? 

Clara Vienna Une histoire, des personnages, la fiction sont des moteurs puissants pour se poser des questions, être touché, emporté. Le théâtre est un outil fort pour essayer de partager tout cela. Et puis, il y a ce côté incarné: on n’a pas forcément envie de faire passer un message. Le théâtre n’est pas un outil didactique. Nos huit personnages offrent une pléthore de regards. Chaque spectateur et spectatrice peut se sentir rejoint·e par un personnage, interrogé·e. «Comment aurais-je réagi? Comment puis-je me situer?»

Côté pratique 

Huit femmes au pied de la croix. Spectacle créé par Clara Vienna et Christian Vez. Jeu: Clara Vienna. Musique: Violaine Contreras de Haro. 
Entrée libre, chapeau. Infos sur egliseouverteechallens.ch

Le programme: 
7 mars, 20h, église catholique de Renens. 
2 avril, 20h, église du Cloître d’Aigle. 
9 avril, 19h, chapelle de Trévelin, Aubonne. 
11 avril, 19h30, église Saint-Jacques de Lausanne. 
14 avril, 18h30, Centre paroissial de Bernex-Confignon (GE). 
15 avril, 20h, TemPL’Oz Arts à Plan-les-Ouates (GE). 
16 avril, 20h, temple de Morges. 
17 avril, 20h30, église de Champagne. 
18 avril, 10h, église de Pampigny. 
18 avril, 17h, église de Peney-le-Jorat