La cathédrale de Bâle bientôt payante?
Alors qu’en France la proposition faite par la ministre de la Culture Rachida Dati de faire payer l’entrée de la cathédrale Notre-Dame suscite une vive polémique, la visite de la cathédrale de Bâle pourrait également bientôt devenir payante, en dehors des célébrations, pendant les périodes de forte affluence. Telle est en effet l’option sur laquelle se penche actuellement l’Eglise réformée bâloise, responsable du lieu, suite aux incivilités rencontrées pendant la période de l’Avent.
En décembre dernier, en raison de l’afflux conséquent de touristes dû au Marché de Noël, la pasteure du lieu, Caroline Schröder Field, et son équipe ont même pris la décision de fermer la cathédrale au public pendant le week-end. «Le marché de Noël de Bâle a attiré un nombre record de touristes en 2024. Plus d’un million de visiteurs selon le canton», indique Matthias Zehnder, porte-parole de l’Eglise réformée bâloise. «Cette affluence a également engendré un important flux de visiteurs dans la cathédrale (plus de 1000 par jour selon la pasteure, citée dans Ref.ch, le site des réformés alémaniques, ndlr). Or de nombreux touristes semblent ignorer les règles de conduite dans un lieu religieux, bien qu’elles soient similaires à celles d’autres espaces publics comme les musées: interdiction de manger et de boire, interdiction de faire entrer les chiens et de téléphoner bruyamment, et respect des autres visiteurs», formule-t-il.
Altercations physiques
«Rappelés à l’ordre, certains touristes se sont montrés agressifs, allant même jusqu’à des altercations physiques. Un employé de la cathédrale a été blessé», précise-t-il, avant d’expliquer que «la gestion d’une telle foule est d’autant plus compliquée que les visiteurs doivent quitter la cathédrale pour les concerts ou les offices religieux, ce que beaucoup refusent de comprendre, se montrant alors colériques et violents».
Fermée le deuxième et troisième week-end de l’Avent, la cathédrale a pu rouvrir ses pour le dernier week-end «grâce à l’aide du Canton de Bâle-Ville qui a financé un renfort des contrôles à l’entrée par du personnel supplémentaire», indique Christoph Bosshardt, chef du Département des relations extérieures et de la promotion du Canton. Un soutien qu’il chiffre à «3000 fr. par jour».
L’affaire pourrait en rester là, si la cité rhénane ne se préparait pas à deux événements majeurs cette anéée, qui attireront également beaucoup de visiteurs. A savoir le Concours de l’Eurovision, du 10 au 17 mai, ainsi que le Championnat d’Europe de football féminin, du 2 au 27 juillet.
Sentiment de sécurité
Du côté de l’Eglise réformée, l’inquiétude se fait déjà sentir et la possibilité de faire payer l’entrée est déjà sur la table. «Ce qui a un coût est davantage respecté. Les visiteurs prendraient conscience qu’ils entrent dans un lieu précieux», estime Matthias Zehnder. «Je ne pense pas que cela soit une bonne solution», réagit Christoph Bosshardt. «La cathédrale de Bâle doit rester un lieu sacré accessible gratuitement.»
Pour ce qui est de l’engagement de personnel de sécurité supplémentaire à ces occasions, Matthias Zehnder expose cependant que «l’Eglise n’a pas les moyens de financer ces coûts supplémentaires». Dans un entretien accordé à Ref.ch, la pasteure Caroline Schröder Field avait déjà, pour sa part, exprimé son malaise face à cette solution: «La cathédrale est perçue comme un lieu où l'on se sent en sécurité. Ce caractère serait perdu si l’intérieur du bâtiment était surveillé par des agents de sécurité.» Affaire à suivre.