Comme Mozart, croire en Dieu et en l’humain
«Selon les échos que j’ai pu entendre, le rapport au divin est plus facile par la musique que par les mots.» C’est donc tout naturellement qu’après un parcours sur la peinture et la spiritualité l’année dernière, la pasteure Sarah Nicolet organise un cycle sur la musique, si importante dans les spiritualités à travers le monde et bien sûr dans la tradition chrétienne. Avec Sabine Jaquet, paroissienne, elles ont concocté un programme qui allie conférences, concerts commentés et expérimentations sonores pour faire découvrir de différentes manières ce que les protestants ont plutôt l’habitude d’approcher par le chant et la liturgie.
La démarche est une suite logique des efforts conscients que Sarah Nicolet a déjà faits pour montrer que la musique du dimanche matin n’a pas à être spécifiquement religieuse. «A Delémont, nous organisons depuis plusieurs années des cultes musicaux où l’animation est très diverse. Nous avons pu constater que l’émotion, l’expérience de Dieu, peut naître de tout type de musique. Même le yodel était une expérience très forte!»
La fraternité de Mozart
Ce constat, un compositeur l’a déjà fait au XVIIIe siècle et c’est précisément lui qui inaugure le cycle le jeudi 13 mars puisqu’une conférence lui sera consacrée. Mozart, autrichien et catholique, sert sa foi en l’humanité et en Dieu par toutes ses œuvres – y compris profanes. «Mozart était un catholique qui n’a jamais renié l’Eglise… Mais il réfléchissait et n’était pas toujours d’accord avec les dogmes, explique René Spalinger, musicien, qui donnera cette conférence. Il a rejoint la franc-maçonnerie, mais attention, il faut comprendre comment Mozart la voyait: il a trouvé là le lien avec les autres et la compréhension du genre humain, choses qu’il a recherchées toute sa vie.»
Dans sa musique, qu’il écrit avec un naturel et une facilité déconcertants, le petit génie cherche à exprimer le sentiment humain. Ses lettres laissent voir qu’il vivait sa vie comme n’importe qui, mais qu’en composant pour les autres, il se sentait investi d’une mission. «Il s’intéresse à la manière dont on devient un homme ou une femme responsable de son avenir devant Dieu, précise René Spalinger. Toute sa recherche tourne autour de ce que nous sommes au fond de nous.»
Jusqu’au seuil de la mort
Cette apparente tension entre foi chrétienne et universalisme ne semble pas poser problème à Mozart, et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Dans les mois précédant sa mort, il compose deux œuvres majeures: sa messe de requiem et l’opéra La Flûte enchantée. Entre liturgie catholique et conte initiatique, Wolfgang Amadeus ne choisit pas. «Les deux sont importants, explique René Spalinger. Dans son Requiem, Mozart exprime la mort, avec solennité, mais sans drame, car il estime qu’elle est la meilleure amie de l’homme et la volonté de Dieu. Et dans l’opéra, il raconte comment deux hommes vivent leur vie en traversant des épreuves. L’un est prince, il cherche à comprendre, à s’améliorer. L’autre est un homme commun, qui coule sa vie et ne se pose pas de questions. Il n’y a pas de jugement à la fin, simplement une observation : si vous voulez prendre conscience de ce que vous êtes, il y a des réflexions à mener.»
Côté pratique
Jeudi 13 mars, 19h30, Centre réformé de Delémont. Conférence de René Spalinger: «Mozart, un idéal pour l’humanité».