À Pâques notre foi chrétienne s’interroge sur les fragilités humaines. J’aimerais m’arrêter ici sur une fragilité qui nous est commune, celle de l’absence ressentie suite à la mort de quelqu’un qu’on aime. Beaucoup d’entre-nous ont vécu l’expérience d’une absence déchirante. Les récits bibliques qui nous viennent tout naturellement à l’esprit sont ceux de Vendredi Saint. Paradoxalement, c’est dans le récit de Pâques chez Marc, que le thème de l’absence est le mieux traité. Son évangile se conclut avec l’expérience terrifiante du tombeau vide, qui a effrayé les femmes venues pour embaumer Jésus. Face à l’absence, un homme leur annonce la résurrection. Un peu comme quand on nous demande d’être forts, de rebondir, de chercher le positif. Avec l’écrivain Philippe Forest, je pense au contraire que « rien ne peut venir remplacer ce vide que crée dans l’existence de quelqu’un la disparition d’une personne aimée. C’est mensonger de croire qu’il y ait une mécanique consolatrice qui puisse transformer ce deuil en quelque chose de positif».  

De même, dans le récit de Marc, les femmes s’en vont terrifiées. A Pâques l’absence est aussi effrayante. Ce récit nous invite donc à intégrer le deuil. Et en même temps, l’annonce de la résurrection s’insinue tout doucement dans nos esprits. Il nous permet de sublimer ce passage nécessaire que nous faisons à l’intérieur de nos tombeaux. En effet, tout en étant en deuil, la vie continue de chanter ; nous pouvons vivre pleinement des moments de joie, des moments de partage ; nous pouvons nous donner avec enthousiasme au monde. C’est un peu à l’image de la thématique de Pâques des paroisses d’Erguël de cette année, « Mortel ». Mot qui rappelle notre condition humaine et nos fragilités et qui est aussi exclamation joyeuse de stupeur face aux beautés de la Vie ! Permettons-nous de vivre pleinement les déchirures dues à nos Absents et permettons-nous aussi de vivre pleinement les joies d’une Vie qui s’offre à nous ! 

Joyeuses Pâques